La génération perdue, un peu d’Amérique en France

31 mai 2012 10 h 54 min

La génération perdue est ce groupe d’écrivains de l’entre-deux guerres, tout droit venus des États-Unis – qui, à l’époque, connaissait une crise à différents niveaux – et venu s’établir quelques années, quelques mois, quelques semaines, à Paris. Ce terme de lost generation fut intronisé par Getrude Stein, alors qu’elle s’adressait à Ernest Hemingway : That is what you are. That’s what you all are … All of you young people who served in the war. You are a lost generation. Le terme fût clairement popularisé par Ernest Hemingway, qui le plaça dans l’épigraphe de son roman The Sun Also Rises (Le soleil se lève aussi). Ainsi, la lost generation se constituait également d’écrivains comme Francis Scott Fitzgerald, Ezra Pound, John Dos Passos, T.S. Eliot, et bien d’autres encore.

 

(Gertrude Stein)

Le principal fil conducteur du terme étant la ville de Paris, il convient de s’intéresser de plus à ce rapport qui unissait ces américains à la capitale. Dans « Minuit à Paris », film de Woody Allen, on remarque clairement cet attrait pour l’art et l’inspiration en général. Le lien entre certains écrivains et les peintres de l’époque était très important. Gertrude Stein a d’ailleurs publié un essai biographique passionnant sur Pablo Picasso (« Picasso »), figure artistique de la belle époque. C’est ainsi cette ville de culture, foisonnant de possibilités, qui attira la génération perdue. On pourrait voir cette migration comme une sorte d’American dream à la française. L’écrivain qui nous exprime le mieux cette relation et cette vie, parfois décadente, n’est autre qu’Ernest Hemingway.

En effet, en 1964 paraît – de manière posthume – A moveable feast (Paris est une fête). Dans ce recueil de petites histoires, Hemingway décrit ses années à Paris, ses débuts d’écrivains, ses voyages, ses relations avec d’autres écrivains comme Stein ou Fitzgerald, mais aussi parfois des sentiments plus profonds, plus enfouis. Installé au 74, rue du Cardinal Lemoine avec sa femme Hadley et son fils, Bumpy, il fait découvrir au lecteur le Paris de l’époque, son Paris de l’époque. On redécouvre la célèbre librairie Shakespeare et compagnie, on passe devant le jardin du Luxembourg, etc. C’est ainsi le livre le plus manifeste de cette esprit lost generation, car l’on y découvre aussi des personnalités atypiques, telle que celle de Zelda Fitzgerald, personnage fascinant, à la psychologie instable, et mis en relief par Gilles Leroy, dans Alabama song (Prix Goncourt 2007). À noter l’attrait de Zelda pour l’écriture, avec notamment la publication de Save me the Waltz (Accordez-moi cette valse), autobiographie romancée, écrite en trois semaines.

 

(Zelda Fitzgerald)


Difficile donc de décrire cette génération perdue. Impossible de la qualifier de genre littéraire, délicat de mettre des mots sur ce travail, ce groupe d’artistes se révèle tout de même fascinant, de par ce cadre et ces personnalités torturées, désillusionnées et décadentes, qui sont venus donner leur petite american touch à l’histoire de la France.

Pour finir, une petite liste (non exhaustive) de lectures, matérialisant la lost génération :

  • Tender is the Night (Tendre est la nuit), Francis Scott Fitzgerald, 1934

  • A Moveable Feast (Paris est une fête), Ernest Hemingway, 1964

  • Les Cantos, Ezra Pound, 2002

  • Flirter au bon marché, Gertrude Stein, 2008

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