Le paradoxe de la traduction

25 novembre 2013 0 h 59 min

Lecteurs assidus, avides d’en savoir toujours davantage, d’en apprendre encore et encore, de découvrir encore des histoires extraordinaires, nous sommes évidemment ravis de pouvoir découvrir la littérature écrites en des langues inconnues grâce aux traducteurs. Mais que découvrons-nous vraiment de la prose de ces écrivains ? Qu’apprécions-nous vraiment du talent de ces auteurs ?

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J’ai récemment pris énormément de plaisir à lire le dernier roman de Laura Kasischke, Esprit d’hiver. D’ailleurs ma critique est plus qu’élogieuse tant ce roman m’a transportée. Je me refuse de lire des critiques de romans avant que je les ai lus. C’est donc avec un grand enthousiasme et la certitude qu’Esprit d’Hiver avait remporté tous les suffrages que j’ai laissé traîné mon oeil curieux sur le net une fois la dernière page tournée.
Et là : surprise !!! Les bilingues et anglophones massacrent le roman sur la toile, accusant non pas la plume de Laura Kasischke mais la traduction d’Aurélie Tronchet
Erreurs de français, mots mal choisis, sens éraflés, fautes : à croire les critiques, la traduction française perd énormément de son original, et du talent de l’écrivain. D’ailleurs, si vous voulez vous en faire une idée, vous pouvez lire les critiques de la Bulle Littéraire et Cachou

De mon côté, éblouie par l’Islande, et attirée par l’âme littéraire du pays, j’ai voulu découvrir le talent de ses habitants. J’ai commencé avec le très connu Rosa Candida de Audur Ava Olafsdóttir. J’ai été assez déçue, mais ai pris le parti d’accuser la traduction. Des langues viscéralement opposées, des cultures différentes, deux plumes qui cherchent s’accorder, comment concilier autant de subjectivité sans dénaturer l’original ?

Il faudrait apprendre, comprendre les moindres détails des langues que l’on lit pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur. Yannick Agnel, grand nageur français, apprend d’ailleurs le russe pour pouvoir lire Gogol dans sa langue natale.

Alors que fait-on ? Doit-on décider de ne lire que les langues que l’on comprend et que l’on maîtrise ? Les francophones doivent-ils se fermer aux littératures étrangères ? Finalement, si nous ne connaissons pas l’original, peut-on se contenter de la traduction ? Notre jugement de lecteur sur une traduction est-il juste par rapport au talent de l’écrivain ?

Vous en parlez

  • Que de questions pertinentes !
    La traductrice que je suis ne peux s’empêcher de venir mettre ici son grain de sel…
    Il est certain que même si les traducteurs sont des professionnels passionnés et ultra compétents (et ils le sont, assurément !), on perd forcément quelque chose du texte original en cours de route. Tout simplement parce que les idées une fois débarrassées de leur enveloppe initiale et revêtues d’un nouvel habit prennent forcément une forme différente. La plus proche possible, c’est sûr, mais différente quand même. D’ailleurs, quand on parle plusieurs langues, on remarque soi-même qu’on se sent différent lorsqu’on parle l’une ou l’autre de nos langues. Personnellement, je me sens très pragmatique quand je parle anglais et plus ‘lyrique’ quand je parle italien, par exemple.

    Je pense qu’il serait dommage de se priver des littératures étrangères sous prétexte qu’on n’a pas totalement accès à la plume de l’auteur. Une traduction littéraire est forcément un compromis entre deux plumes, il faut le savoir. D’ailleurs, les traducteurs littéraires ont des droits d’auteurs sur leurs traductions. Ce sont leurs mots aussi !

  • Bonjour,
    Je viens de publier ma première nouvelle sur mon site, et je souhaiterai avoir des avis, remarques et suggestions concernant cette nouvelle. Merci d’avance si vous passez la lire !
    Bonne lecture !

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