La dérive

1 juin 2014 17 h 42 min

la dérive

Comme à son habitude, Rachid alla déposer ses deux fils, Mohammed et Karim, à l’école. Sur le chemin du retour, il saluait les commerçants d’un franc sourire, pour à son tour, soulever le rideau de son magasin, en bas de la demeure familiale. Il alla sur ses trente-cinq ans, mais en paraissait dix ans de moins. L’homme était bien bâti. Il passa toute sa jeunesse à la plage, à s’entraîner et à répéter inlassablement ses enchaînements, pour que le soir, avec sa petite troupe, tout soit impeccable. L’artiste et ses compères se donnaient en spectacle dans les hôtels et les différents cirques du pays. Grâce à leurs talents indéniables et des années d’acharnement, ils ont pu décrocher la lune : un contrat en Russie. Mais une chute fatidique alla interrompre ses envolées. Son groupe décollait pour rejoindre Moscou, sans lui, emplâtré pour de longs mois.
En effet, Rachid, avant son accident, était acrobate, l’un des plus élégants de la ville. Son surnom de « Rachidino » résonnait dans tout le quartier, et ses vidéos faisaient des ravages sur You tube. Mais son mektoub en avait décidé autrement, aujourd’hui, il abattait, plumait et découpait les poulets. Il s’était fait une raison. Mais, dès qu’il le pouvait, Rachidino se donnait une petite récréation et se précipitait pour ouvrir son Facebook, dans un petit coin d’infortune, entre deux égorgements. Rachid, émerveillé et nostalgique, admirait les photos de ses anciens collègues, prises dans les plus beaux chapiteaux du monde. Puis, il se relevait pour affronter son quotidien, et s’acheminait au coin de sa bicoque pour abreuver ses compagnons de la journée. Rachidino affectionnait ses volailles, elles étaient ses hôtes. Il veillait à être aux petits soins et ses exécutions sommaires, tout au long de la journée, étaient faites dans la règle de l’art, toujours avec un couteau magistralement bien aiguisé. Monsieur avait délimité par des caisses en bois, les différentes étapes. En aucun cas, la bête saignée ne devait être aperçue par les autres. Ce serait un sacrilège, un pêché !
L’endroit était vétuste mais d’une propreté irréprochable, l’odeur de la javel emboîtant celle de la volaille.
Les premières clientes venaient pour commander.
« – Salam alaykoum Rachidino, comment ça va ? Peux-tu me donner deux cent grammes de poulet avec un citron confit ? »
« – Alaykoum Salam Aicha, avec grand plaisir, tu veux du blanc ou de la cuisse ? »
« – De la cuisse, c’est pour un tagine. » S’exclama la cliente d’un large sourire. »
Rachidino transmettait à ses clients une joie contagieuse, l’homme avait une bonne bouille. C’était le brave type que tout le monde aurait voulu avoir comme frère et son poulet était très apprécié. Il avait un goût particulier, une saveur unique, et les clients en avaient toujours pour leur argent.
Il logeait chez sa tante, au rez-de-chaussée, dans un deux pièces : une où il était entassé avec sa femme et ses enfants, et l’autre, ouverte à l’extérieur pour le commerce. L’étage du dessus était loué à un jeune couple, un pêcheur et sa femme et au dernier étage, la tante, et ses enfants, logeaient dans un grand appartement tout équipé. Elle était toujours accoudée à une fenêtre, en train de surveiller les vas-et-viens des clients. Ses regards au coin en disaient long. Avant la fermeture du commerce, le soir, elle descendait pour partager la recette avec son neveu. Elle s’arrangeait toujours pour lui réclamer un peu plus à chaque fois, en lui prétextant que la facture d’électricité aurait augmenté, ou que la bouteille de gaz était sur ses derniers souffles. Zaïna tenait son petit immeuble d’une main de fer, ayant perdu son mari lors d’un accident de voiture, elle s’était retrouvée face à son destin, et à la charge de ses trois enfants. Dans cette société patriarcale, la veuve s’était très vite métamorphosée en femme de poigne, et le moindre dirham avait sa valeur.
Pour rien au monde, Rachid ne manquait à l’appel à la prière. Il posait son balais en biais devant l’entrée de son commerce, pour signaler qu’il serait absent le temps de ses génuflexions. La mosquée du quartier n’était qu’à deux pâtés de maison, mais après sa chute, l’ancien acrobate boîtait de la jambe gauche. Il mettait bien une quinzaine de minutes avant de reconquérir sa place avec ses poulets.
Ses journées étaient bien rythmées. Le moment qu’il appréciait le plus était son quatre heures, où sa femme, Khadija, lui préparait un bon thé à la menthe avec ces délicieuses galettes de pain, trempé à l’huile d’olive, dont elle seule, avait le secret. Un héritage transmis par ses ancêtres Touaregs.
Khadija était pour Rachidino son grand amour. Dieu l’avait gâté, sa douceur et sa patience n’avaient d’égal : elle transformait toutes ses peines en joie. Ses dons culinaires pouvaient convertir n’importe quel vétuste plat, en hors-d’œuvre. Le poulet qu’ils mangeaient tout au long de la semaine, n’avait jamais le même goût. A aucun moment, elle ne se plaignait de leur vie précaire et du grognement incessant de Zaina, la tante.
Rachid, quant à lui, à l’intérieur de sa carapace de gaité, se cachait un désir de réussite, un souhait de plus de confort pour sa famille. Avec le loyer de sa chambre où il vivotait et le partage inéquitable des bénéfices de sa tante, il ne lui restait plus rien. Zaina, la sangsue, l’achevait avant la fin de chaque mois. Il n’avait plus recours qu’aux prières, pour prétendre à des jours meilleurs. Il était hors de question de laisser transparaître cette convoitise. Rachidino avait une réputation de chevalier.
Les années passèrent et se ressemblèrent, sauf qu’avec l’âge, la voracité de Zaina s’agrandissait et Rachid avait de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, et pour couronner le tout, un grand supermarché était prêt à ouvrir dans la rue d’en face. Du poulet bon marché serait vendu dans les étalages au frais. Rachid, et tous les petits commerçants, craignaient ce nouveau dinosaure qui risquait de tout détruire sur son passage. Khadija, fidèle à elle-même, prenait ce nouveau concurrent avec plus de légèreté, et réconfortait Rachid en disant que leurs volailles n’arriveraient pas à la qualité des siennes.
«- Toi, mon amour, tes poulets tu les aimes et les respectes, ils meurent avec dignité, c’est pour cette raison que le goût est si spécial. »
« – Oui, mais les gens ne considèrent plus que leurs portefeuilles, je resterai plus cher et mes clients m’abandonneront ! »
Rachid prit l’air triste d’un clown, et son regard se fixa au sol. Toute sa joie de vivre allait s’éteindre, après l’ouverture de cette machine à faire de l’argent. Pour la première fois depuis qu’ils sont mariés, Khadija se sentit en danger. Sans lâcher prise, elle s’efforçait de lui concocter des plats de plus en plus imaginatifs pour que son amour reprenne des forces mais l’homme n’avait plus goût à rien.
Son intuition lui donnait très rapidement raison, petit à petit les clients désertèrent, et les commandes de poulets diminuèrent. Zaina, ne s’accommodait plus avec les recettes bien maigres du commerce et elle en était devenue ulcérée.

Elle infligeait une pression terrible à son neveu. Le pauvre retrouvait son épouse le soir complétement esquinté, même le chahut festif de ses enfants n’y pouvait rien.
Jusqu’à ce fameux dix-sept février au matin. Après avoir nettoyé avec acharnement son magasin à coup de javel et avoir donné la ration quotidienne de grain aux demi-douzaines de poules qui restaient, Rachidino cru apercevoir dans le poulailler un objet qui scintillait. Il passa sa jambe par-dessus les caisses en bois, servant d’enclos, et près de la poule la plus gâtée, il découvrit un œuf en métal doré !
Il crut que c’était une mauvaise plaisanterie, puis il se mit à tourner dans tous les sens, jusqu’à éveiller la curiosité de sa tante au-dessus, toujours accoudée à sa fenêtre, à guetter tout ce qui bouge dans le quartier Elle descendit aussitôt pour voir si son neveu ne perdait pas la boule.
« – Mais qu’est-ce que tu as à faire la toupie ? »
« – Rien, j’ai juste perdu de la monnaie. »
« – Tache de la retrouver, aujourd’hui le moindre dirham est précieux vu les temps qui courent ! »
Elle remonta dans son sanctuaire avec sa démarche de propriétaire, le front de Rachidino perlait avec ce stress insoutenable. Il vérifiait constamment son nouveau trésor dans sa poche pour se rassurer qu’il n’était pas en pleine rêverie. Il n’en dirait rien à personne. Il ferma le magasin aussitôt en laissant sa tante halluciner de cette désertion soudaine, pour aller évaluer cet œuf. Il prit la précaution d’aller dans un autre village, chez un bijoutier que personne dans son entourage ne connaissait.
Face au comptoir, noyé dans sa sueur, il présenta son œuf doré. Le vieil homme ne put retenir son étonnement en observant l’objet. Il lui tourna le dos pour sereinement diagnostiquer cette chose. Ses mains, toutes tremblantes, manipulaient les ustensiles pour expertiser le métal, et il semblait évident que ce qu’il tenait entre les mains était d’une grande valeur.
« – Très bien mon garçon, où as-tu trouvé ça ? »
L’ancien acrobate ne s’était pas préparé à cette question. Il bégaya et s’en sorti pour le prix d’un mensonge.
« – Heu, c’est un héritage familial. » Lui répondit l’intéressé, en gardant bien ses yeux fixés au sol.
« – Bon, nous allons conclure un marché. Je t’achète cet œuf, mais je ne veux en aucun cas que tu en parles à une tierce personne après avoir franchi ma porte. »
« – Mais dites-moi c’est bien de l’or ? »
Le joaillier fit de ne pas répondre à la question et lui proposa une somme de dix mille dirham sur le champ. Rachidino en eu des fourmis aux jambes, il ne pouvait, à son tour, contenir son émotion. Ce chevronné commerçant a essayé de prendre, dès le départ l’ascendant sur la négociation.
« – Cet œuf a une valeur sentimentale, il vaut plus. »
« – Baraka je t’en donne le double, vingt-mille dirham, jamais tu n’auras eu autant d’argent dans les mains. Allez, concluons l’affaire ! »
Rachid a été pris de cours, il n’avait plus d’argument et effectivement jamais il n’avait possédé autant d’argent. Il prit la somme, et quitta aussitôt la bijouterie et ce bled.
Sur le chemin de retour l’argent en poche dans un taxi d’infortune, il sentit qu’il s’était fait rouler et que cet œuf avait une plus grande valeur. Peu importe, il palpait ses billets avec une extrême douceur et énumérait ses prochains achats dans sa petite tête.
Mais après coup, un autre sentiment s’interposa à cette euphorie : la culpabilité d’avoir menti à trois reprises pendant cette seule journée. Voilà bien des lustres qu’il n’avait pas fabulé. Rachidino se renfrogna et s’engouffra sur le siège jusqu’à l’arrivée du bahut au quartier.
Avant de rentrer dans son gourbi, Rachid se dirigeait chez le nouveau venu, son concurrent, histoire d’égayer sa curiosité. Les portes vitrées s’ouvrirent automatiquement devant lui, l’air conditionné stoppa net ses sueurs. Il en resta bouche bée. Cette machine bien rodée, s’empressa de l’engouffrer à l’intérieur : une caverne d’Ali baba des temps modernes. La musique l’accompagnait dans ses moindres déplacements et elle le rendit nostalgique. Il flottait dans les rayons et son regard dansait dans tous les sens : des écrans télé, la machine à laver dont rêvait Khadija, les figurines pour Mohamed et la tablette pour Karim, il ne savait plus où donner de la tête. A l’étalage de la nourriture, son estomac se mit à gargouiller, les fruits de toutes sortes et les poissons posés dans leurs plus belles parures lui augmentait son rythme cardiaque, c’en était trop ! Il prit un caddie, avec férocité, et le rempli jusqu’à ras-bord, des provisions pour le trimestre ! Parvenant à la caisse, Rachid prit le soin de sortir quelques billets du gros tas pour n’éveiller aucun soupçon de sa nouvelle fortune.
Devant sa porte, sa tante l’attendait de pied ferme, et à la vue de son neveu joyeux, enguirlandé de tous ses sacs plastiques du supermarché d’en face, elle en perdit l’équilibre. Ses enfants qui jouaient avec leurs cousins sur le terrain vague à coté, accoururent, le sourire jusqu’aux oreilles, pour venir en aide à leur père, épuisé par cette dantesque journée. Il avait un peu trop appuyé sur sa jambe gâtée et à la vue d’une brique perdue, il s’asseyait inopinément. Khadija tout excité lui apporta un rafraîchissement, quant à sa tante, troublée devant cette béatitude, elle remonta avec nervosité dans sa tour d’ivoire.
« – Chérie, tu as gagné au loto ? » S’interloqua Khadija.
« -Mais non ! Occupe-toi de ranger les provisions et régale-nous avec tes mains de fées. »
Rachidino était face à ses nouvelles cachoteries. La curiosité naissante de sa femme reviendrait très rapidement à la charge ainsi que celle de sa terrible tante qui ne tarderait pas à exiger des explications sur la fermeture subite du magasin ce matin et ses achats impromptus. Bref, il fallait vite qu’il cogite et déniche un alibi de taille, à cette fulgurante résurrection financière.
Après s’être léché les doigts du tajine aux pruneaux de Khadija, notre nouveau nanti tomba raide sur sa banquette pour un sommeil de juste. Vers deux heures du matin, alors que toute la famille dormait à point fermé, Rachid s’était ranimé pour aller inspecter son poulailler, plus précisément sa poule frêle, la responsable de cet heureux évènement. Il vérifia sous ses pattes si elle n’avait pas fait une récidive, il en était rien ! Il lui administra une double ration en aspirant à un nouveau miracle. Cette fragile petite poule aurait dorénavant un statut de privilégié.
Avant de rejoindre sa chambre, Rachidino sortit l’argent enroulé en dessous son ceinturon et l’enveloppa d’un plastique opaque, puis ouvrit le congélateur de la boutique pour tenir au frais ses billets. Comblé de sa trouvaille, il regagna son lit conjugal, en arborant un sourire satisfait.
Le lendemain, par méfiance et pour stopper net les suspicions, il reprit ses habitudes et alla déposer ses deux fils, fiers de leurs nouvelles tenues, à l’école. Sur le chemin du retour, il saluait les commerçants d’un pas hâtif, puis alla ouvrir son magasin. La première chose faite en relevant son rideau en fer, était de se pointer à nouveau sous les pattes de sa favorite. Toujours rien, ses yeux était mis clos, et elle arborait une petite mine. Un vent de panique accompagna Rachidino et crispa instantanément son visage. Il se précipita au robinet pour l’abreuver d’eau au cas où elle serait en manque d’hydratation et il l’isola de ses camarades pour qu’elle soit au calme et moins à l’étroit.
Il avait manigancé une pirouette de plus pour garder bien au frais son secret : casser les prix pour qu’il puisse justifier à Zaina, sa tante, l’argent acquis. La clientèle affluait de nouveau et Rachidino était débordé par le travail. Il enchaînait les exécutions sans interruption, en gardant toujours un œil bienveillant sur sa protégée. La nouvelle du poulet, au prix défiant toute concurrence, se répandait dans tout le quartier et son fournisseur, ravi, venait à lui livrer jusqu’à deux fois par jours. Ne se doutant de rien, Zaina, du haut de sa tour de contrôle, semblait plus détendue. Sa mine se bonifiait à l’afflux des clients.
C’était un bon pied de nez à la concurrence, le rayon de la volaille au supermarché était vide, préférant les tarifs de Rachidino.
Sa protégée reprenait des forces, et il espérait qu’elle lui fasse un nouvel œuf doré, mais il en était toujours rien. Il commençait à perdre patience et pour garder la cadence de sa tromperie, il devait puiser, à présent, sur les billets congelés.
Sa femme Khadija, s’inquiétait à nouveau. Son mari, amaigri, lui refusait sa nourriture, en prétextant qu’il avait des douleurs au ventre. Rachidino était devenu prisonnier de ses mensonges, et à la moindre contrariété, il s’emportait. Sa joie de vivre qui le distinguait s’était évaporée. Ses clients ne venaient désormais acheter chez lui, que pour ses prix qui défiaient toute concurrence. Du reste ils ne l’appréciaient plus. Monsieur était devenu aussi arrogant que son concurrent. Ses enfants se plaignaient aussi de ses sautes d’humeurs, mais leur mère n’osait intervenir craignant la récente brutalité de son époux.
Rachid avait déserté la mosquée et n’ouvrait plus son Facebook pour rêver et retrouver ses amis du bon vieux temps. Il n’avait plus goût à rien, et sa tête n’était plus que préoccupée à faire d’obscurs calculs.
Son visage avait acquis un voile foncé et des rides s’étaient conviés sur son front. Quand l’ancien acrobate sortait, il ne marchait plus que tête baissée, le regard aimanté au sol. Les rumeurs les plus folles circulaient sur son nom, comme quoi Rachid avait été touché par le mauvais œil et qu’il semblait glisser vers la folie. Les gens, sur son passage, l’évitaient de peur que son mal soit contagieux. Même Zaina, aux voies impénétrables, paraissait préoccupée de la descente aux abysses de son neveu.
Il n’avait plus foi en rien et son magasin tombait en ruine.
Un matin de mauvais augure, il se dirigea comme d’habitude vers sa poule vieillissante, et sans prêter attention de tout ce qui l’entourait, il s’arma d’un couteau en passant, et avec une euphorie dérangeante, décapita et déchiqueta celle-ci puis il la poignarda au ventre jusqu’à ce que tous les morceaux soient dispersés dans les quatre coins de la boutique. Toutes les autres poules se mirent à l’extrémité de la tuerie en urinant à tout va. En se rendant compte de son acte abominable, tel un lâche, Rachid se mit à geindre et à pleurer à genoux tous les pêchers de son âme. Sa femme accourut pour le prendre dans ses bras, il l’a serra fort en lui répétant dans une transe endiablée :
« – ton mari est un assassin, asssasssin, asssasssin, ASSAssssin . …. »….

Lui qui vivait sans se soucier du lendemain, avec son cœur léger, a été ébloui devant cet œuf en or. S’étant découvert un appétit vorace, qu’il ne soupçonnait guère, monsieur ne rêvait plus que de veau d’or. Tout compte fait, vivre modestement lui était bien profitable.
Après quelques semaines, une éclaircit réapparue dans la vie de Rachidino, et par ironie du sort, il s’était fait embaucher par le supermarché au rayon volaille et son sourire retrouvait tout son éclat.

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