La Vie d’Adèle : quand l’oeuvre ne lui appartient plus

27 mai 2013 21 h 45 min

Pour ceux qui auraient suivi la polémique – ou retours mitigés, du film gagnant La Vie d’Adèle, l’auteur a posté sur son blog une réponse aux différentes contestations faites au film.

 

D’abord, première chose : je n’ai pas vu le film. La BD m’intéressait davantage d’un point de vue esthétique, mais je ne l’ai pas encore achetée, je tourne souvent le dos à un film/livre/objet quand tout le monde en parle dans les médias et l’entourage.  Bref, j’attends que le calme vienne après la tempête médiatique pour me promener tranquillement dans une librairie.

Ce dont je voulais vous parler donc, c’est cet aspect génial que j’ai trouvé toujours fascinant, à savoir : l’adaptation.

Souvent, quand mes amis lisent mes nouvelles ou un roman, ils me lancent la boutade suivante « et tu ferais quoi si c’était adapté en film ?« . (Ne l’avons-nous jamais imaginé dans un coin de notre tête ? ) Le fait est que, entre esprit contestataire et puriste, et balbutiements ignorants, je n’ai jamais su répondre correctement à cette question. Pourtant, Julie Maroh, elle, l’a fait. Elle a su mettre en lumière avec lucidité et simplicité sa place en tant qu’auteur mais aussi les limites brumeuses entre espaces de création et « perte » de son oeuvre lorsque celui-ci devient connu. Petite réflexion donc sur la notion d’adaptation souvent critiquée et parfois… difficile à mesurer.

 

Si certains se gardent encore de montrer leurs brouillons ou écrits au monde, c’est bien pour une raison : dès lors qu’il y a lecteurs, l’auteur est un peu dépossédé de cette exclusivité qu’il avait dans la création. C’est ce processus de création, et donc paternité, qu’il défend du copyright et qu’il marque dans le cas d’adaptation.

Cependant, ce serait naïf de penser qu’il n’y a que l’appropriation du lectorat en ligne de mire. Il y a tout l’appareillage de l’édition qui avale, fabrique, modifie, diffuse un contenu créé dans l’intime d’un disque dur durant des nuits blanches. L’adaptation est donc un rouage de cette grande machine, machine qui n’avale pas nécessairement l’auteur.

Maroh le dit elle-même, malgré de longues discussions de partages sur leurs visions personnelles de sa BD, elle a laissé le réalisateur Kechiche appliquer sa vision de l’oeuvre. C’est son film, pas le sien. Son esthétique. On ne peut espérer ressentir la même chose d’un format à un autre. En outre, l’adaptation souligne bien une transition d’un format à un autre, mais aussi d’un espace créatif à un autre. De sorte que la fidélité tant réclamée par des lecteurs puristes, quand on y pense, relève du mythe d’un point de vue technique.

Alors, bien sûr, certains auteurs choisissent de prendre part à la réalisation, de rentrer dans cet engrenage pour garder une prise légitime sur leur histoire, mais cela en assure-t-il pour autant une fidélité au récit ? J.K Rowling avait dit une fois qu’un tome de Harry Potter nécessiterait 16 heures de film. Ou quelque chose comme ça.

Quoi qu’il en soit je ne vois pas le film comme une trahison. La notion de trahison dans le cadre de l’adaptation d’une œuvre est à revoir, selon moi. Car j’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire. C’est un objet destiné à être manipulé, ressenti, interprété.

Adaptation n’est donc pas trahison. On ne saurait comparer Orgueils et Préjugés, le film avec Keira Knightley, à la version série télévisée avec Colin Firth. Différence de traitement, de format…Etc.

Pour autant, l’attachement à cette fidélité du récit n’est pas factice. Elle réside dans un autre procédé : le degré de restitution. Restitution du physique, des noms, de l’univers, de l’intrigue…  Voir un Kraken (scandinave donc) en Grèce Antique face à Persée dans le Clash des Titans, la restitution de la mythologie s’en retrouve un peu… négligée.

 

Adaptation libre, Inspiré de… Toutes les nuances sont possibles et rendent donc les limites de ce domaine très floues. Aussi flou que le ressenti aléatoire du public.

src/ bedetheque.com

src/ bedetheque.com

Vous en parlez

  • article intéressant, mais attention aux fautes d’orthographes, c’est rédhibitoire, surtout pour une étudiante en lettre!

  • voilà j’arrive un peu après la bataille ayant trouvé cet article par hasard, sans trop d’espoir d’être lu je voulais quand même vous dire
     » j’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire. C’est un objet destiné à être manipulé, ressenti, interprété  » : le terme d’adaptation suppose l’idée de transposer sans trop dénaturer voire de massacrer une oeuvre par honnêteté intellectuelle
     » j’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire » : oui dans le sens où cette oeuvre appartient dès lors au domaine public, on peut l’interpréter, et non dans l’optique où personne n’a le droit de le plagier, d’ émettre de commentaires diffamatoires dans les médias… donc il y a des limites
     » La notion de trahison dans le cadre de l’adaptation d’une œuvre est à revoir, selon moi  »
    Ne jamais laisser tous les droits à un metteur en scène qui dans ce cas visiblement s’ est accaparé outrageusement cette oeuvre pour la dénaturer et là il y a double trahison

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