Le difficile travail de relecture

21 mai 2012 19 h 35 min

Si vous vous promenez ici, c’est que vous aimez les mots et sans doute que vous essayez de jouer avec.

On écrit au début juste comme ça dans un cahier, pour soi, pour évacuer, parce que dire ces mots-là, c’est trop compliqué, ça pourrait faire mal, blesser, et surtout ils risqueraient d’être incompris.

Et puis un jour, on ose les montrer, à des proches ou sur un blog, à un atelier d’écriture. Les mots sont balancés comme ça, vous attendez fébrilement le retour, car après le sentiment grisant d’écrire pour soi, vient l’espoir de toucher les gens, que ces mots ne soient pas juste du soulagement personnel pendant un temps mais qu’ils voyagent et qu’ils viennent émouvoir d’autres personnes. Le jour où on publie ces mots, quel que soit le vecteur, je crois que c’est cela que l’on attend : un retour positif, des encouragements. Sinon ils pouvaient rester dans leur cahier, ces mots !

Sauf qu’entre le moment où ils sont dans le carnet et l’instant où ils peuvent être lus par quelqu’un d’autre, il y a un passage douloureux : la relecture.

C’est un moment difficile, très difficile, trop difficile parfois.

Jusqu’ici, je ne relisais que pour les fautes d’orthographe, la relecture était mécanique, sans tenter de comprendre le sens de ce que je lisais, sans vouloir réellement relire en fait. Parce que relire, c’est tout remettre en cause, c’est le risque de trouver que ce qui vient d’être écrit est vraiment mauvais

On voudrait que l’écriture soit innée, que cela sorte tout seul (ce qui est le cas, ça semble sortir sans effort) et que la relecture soit un moment fantastique d’auto satisfaction.

Il n’en est rien, la relecture nous met face à nos doutes, à nos incertitudes, face à notre petite écriture qui finalement ne nous plait pas beaucoup.

Peut-être un jour, la relecture sera un moment agréable, pour le moment, c’est l’enfer. La tentation est grande de tout jeter. On se prend ses rêves en pleine figure, on touche du doigt nos lacunes, nos erreurs.

Pour la relecture, il faut s’armer de patience et de persévérance, se juger avec impartialité mais bienveillance tout de même.

Parfois, relire ses mots, c’est s’étonner que l’on ait pu écrire cela, se demander où ces mots étaient cachés pour ainsi revenir, comme cela, s’exposer à tout va.

La relecture pour un texte d’une page ou deux, je m’en passe. Pour ce texte de 160 pages, c’est autre chose.

Là je suis au pied du mur, il faut que je l’affronte ce démon, que je prenne le taureau par les cornes et que je le domine. Il faut que je sache relire sans toutes les deux minutes me dire que ça ne sert à rien de continuer, qu’il est préférable de renoncer.

C’est là que commence le travail, le vrai, que l’écriture plaisir se transforme en véritable analyse, quand on veut que ces mots plaisent vraiment au-delà de quelques personnes, il faut travailler, tailler, couper, retrancher, réécrire, détailler, modifier, éluder.

Il faut s’y attaquer et persévérer, avancer, ne pas reculer, se dire que ce que l’on déconstruit est nécessaire, que peut être un jour on se relira et on se dira : finalement, ce n’est pas si mal… (on peut rêver, non ? )

Vous en parlez

  • Je comprends tellement ce que tu vis avec ce travail de relecture. C’est le moment le plus dur pour moi aussi. Le plus dur est de ne pas tout laisser tomber à cause de la difficulté que l’on a à se relire… Bon courage à toi !

  • Je suis tombé sur ton billet justement parce que j’ai du mal à relire mon propre petit récit. Cela aide un peu, de savoir que nous sommes nombreux à avoir en partage les mêmes embarras. Pour m’échapper à mon labeur je flânais sur Twitter en suivant @recriweb, et ô surprise ! Quelque chose pour moi, personnellement. Merci.

  • Merci Emi Dreams up, c’est effectivement douloureux et c’est surtout un vrai travail. Au contraire de l’écriture qui semble facile, où les mots prennent place sans efforts, où tout coule; la relecture est un moment de confrontation, de doute et c’est un travail de lenteur (un comble pour moi), j’ai l’impression de ne pas avancer… ma crainte: finir la relecture du premier jet (je n’en suis qu’à 53 pages sur 178!!), reprendre la lecture dès le début et trouver encore que c’est mauvais… Epuisant!
    Merci Bazyl, ravie de savoir que tu te sens moins seul, c’était aussi un peu le but, partager. On parle souvent du plaisir d’écrire, moins souvent de la difficulté de relire! Bon courage à toi!

  • C’est un travail très difficile et, quelque part, pénible. Pourtant on a pris beaucoup de plaisir à écrire et là… c’est le blocage. Je peux mettre des semaines à me relire et cela m’est très délicat. Même si par respect pour le lecteur et le texte lui-même, il faut éradiquer les fautes. C’est se dire « je connais ce texte, je le sais, il se passe ça et ça puis ça…. là j’ai mis blablabla, je le sais!  » et s’obliger à persévérer.
    Je comprends ce que vous ressentez et, d’une certaine façon, il est toujours rassurant de voir que nous ne sommes pas seuls à vivre cela. Ca n’ôte pas le poids du pavé numérique mais ça met du baume au coeur. 🙂

  • C’est tellement pénible la relecture… j’avais commencé à relire et corriger le premier « roman » que j’avais terminé, j’ai même pas fini le premier chapitre tellement je me suis rendue compte que c’était pas terrible (pour ne pas dire nul mais j’essaye d’être moins négative ^^’)… du coup j’ai laissé tomber. Par contre je garde en mémoire les « idées fortes » que je réutiliserai.

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