Le numérique achèvera le papier

1 juillet 2012 11 h 08 min

Cette fois, çà y est, le livre peut commencer à compter le temps qu’il lui reste à vivre. Le monde vient de passer un cap historique, radical. Alors que de bon matin, certains vont empoigner leur livre pour finir avidement les quelques dizaines de pages qui les séparent de la fin, de l’autre côté de l’Atlantique, la majorité des lecteurs empoigneront leur tablette , leur kindle, leur kobo, leur ebook…
Vous l’aurez peut être compris : les coupables sont les Etats-Unis, toujours précurseurs de ce qu’il se passera en Europe. Après avoir tué les librairies, sont le premier territoire où le livre numérique dépasse le livre papier. Ce sont les sites ZDnet et rue89 qui nous rapportent cette information désastreuse pour la culture littéraire (avis personnel). Au premier trimestre 2012, en comparaison au premier trimestre 2011, les éditeurs américains ont remarqué une augmentation de 28% des ventes de livres électroniques (valeur atteinte de 282,3 millions de dollars), contre 2,7% pour les livres papier (229,6 millions de dollars).
En France, cette dégradation de la valeur culturelle du livre peut choquer. Nous sommes en effet encore loin d’atteindre un tel renversement. L’Europe reste pourtant le 3ème marché du livre numérique, grâce notamment à la Grande Bretagne et à l’Allemagne.

En France, le marché peine pourtant encore à décoller. Il faut dire que le livre occupe une place prépondérante dans la culture du pays. L’Etat a mis en place des mesures de protection des libraires indépendants, ce qui permet d’en croiser encore un certain nombre dans le paysage urbain. Pour aider la profession, la France a créé en 2007 un label des librairies indépendantes de référence, qui permet une reconnaissance mais aussi et surtout une subvention annuelle de l’État comprise entre 3.000 et 10.000 euros.
Pour combien de temps encore, le livre va-t-il tenir ? Cela fait déjà plusieurs années que l’on nous prédit en France, la mort des librairies, et de l’industrie du livre, et pourtant…
Bernard Fixot, directeur des éditions XO, a confié au le New York Times : « Il y a deux choses avec lesquelles on ne plaisante pas en France : le pain et les livres. »
J’aime assez cette citation… 

Vous en parlez

  • Même si je reconnais la praticité du livre électronique en voyage (tu peux stocker de nombreux livres sans supplément de poids…important le volume et le poids quand on porte un sac à dos…), je ne peux me passer des livres papiers. Feuilleter, toucher, jeter un coup d’œil à la fin, garder, prêter, donner….un livre, ça ne se remplace pas. Résistons !

    • Combien de temps la résistance peut-elle tenir ? J’ai peur… On devient vieilles : on se fait dépasser par le progrès ! Je me vois déjà dire à mon enfant quand il aura dix ans « Mais pourquoi tu es toujours avec ta tablette… Je vais te donner un bon vieux livre papier, tu verras, il n’y a rien de mieux !! » Et là, il me regardera avec de grands yeux, me prenant pour une rétro plus du tout dans le coup…

  • Moi aussi j’adore la citation de la fin! ;o)
    Comme je le disais dans un récent article sur mes impressions suite à mon voyage, j’avais remarqué cette invasion d’écrans à NY. J’ai du voir là-bas 2 livres papier en une semaine, ça m’a fait peur… Peur car en effet la disparition progressive des livres papier est sûrement ce qui nous attend à + ou – court terme!

  • J’ai eu, sérieusement, un frisson en lisant ton article, mais il fallait s’y attendre ! Je me demande si le soutien apporter aux libraires indépendants durera et s’il ne valsera pas sous la pression de commerçants trop avides dans une concurrence perpétuelle avec les Etats-Unis. Je trouve presque la perte du livre déshumanisant, mais c’est vraiment un ressenti plus qu’une opinion.

    Bel article en tout cas !

  • Très naïvement peut-être, j’ai l’espoir que le livre persistera toujours grâce justement aux amoureux du livre. Le livre numérique ne sera pas donné à tout le monde, tandis que le bouquin papier est universel et ne demande pas un budget extraordinaire. Nous avons entendu le même phénomène pour la presse écrite et pourtant, je suis certaine que les gens ne se lasseront jamais d’acheter la gazette de bon matin. Ton article est très intéressant. Grâce à toi, je me rends compte de la montée du livre numérique, je ne n’imaginais pas qu’il avait autant de succès. Mais très peu pour moi! Déjà, je n’ai pas de tablette ^^

  • Très intéressant cet article, je ne savais pas non plus que de l’autre côté de l’Atlantique, il en était ainsi…
    Malgré le poids des livres et la practicité de l’e-book, je ne serais jamais en possession d’une telle invention. Ma relation aux livres est si essentielle qu’elle ne peut que passer par un toucher papier, par la découverte de la couverture, de la reliure. J’ai grandis ainsi et je ne me vois pas changer cette habitude nécessaire et primordiale.
    Pour ce qui est des générations futures, je pense qu’il serait important de continuer à leur inculquer cette façon de vivre et d’appréhender les livres, nos amis en papier. A ce propos, j’aime beaucoup ton utilisation de l’expression « de la valeur culturelle du livre » ainsi que la citation de fin.
    Merci pour ces informations et cet échange 🙂

    • On envoie des mails alors qu’avant on écrivait au stylo sur du papier… C’est fini… Nos grands parents regardent çà avec beaucoup de perplexité comme on regardera ceux qui lisent des livres sur des tablettes. J’ai peur que l’on n’ait pas le choix.

  • Je ne crois pas à la disparition du livre papier. La coexistence des deux sans doute, la supériorité de l’un par rapport à l’autre non.

  • Je ne sais pas si c’est le numérique qui achèvera le papier ou le changement des pratiques des lecteurs. Même si personnellement, je préfère le papier (toucher, le côté possession, plus simple d’accès puisque le terminal de lecture est déjà un investissement important, le plaisir d’offrir), je pense que l’important reste que les gens gardent du plaisir à lire. Malgré tout, on ne peut pas mettre de côté l’acte d’achat : entre aller dans une librairie, déambuler dans les rayons et acheter un livre « physique » / commander sur Internet et recevoir un livre physique / commander et recevoir un livre virtuel, je préfère la première solution.

    Cela a aussi des conséquences pour les librairies qui ne peuvent plus se contenter d’offrir les mêmes services qu’il y a quelques années alors que les « clients » changent. Ou peut-être doivent elles se recentrer sur leurs cœurs de métier et mettre en avant le côté humain, proximité.

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