Il est intéressant de voir comme l’écriture modifie notre regard sur la lecture.
J’ai toujours beaucoup lu (la moyenne nationale est de 12 livres par an, je suis très largement au-dessus), des romans surtout, français essentiellement… Par facilité sans doute, il est plus facile d’entrer dans un univers que l’on connaît, où la toile de fond est déjà tendue. S’attaquer à une littérature étrangère demande davantage de facultés d’adaptation, il faut s’adapter à un ton différent, être prêt à ce que le décor change un peu, que le costume ne soit pas exactement taillé sur mesure.
Longtemps, il a fallu que le livre me touche pour que je le considère intéressant et surtout que je puisse me projeter dans l’histoire donc quand il s’agissait d’un héros tout à fait ordinaire qui se demande si le plus important est de se marier avec la femme qu’il aime ou de rester libre, alors l’identification est aisée, trop parfois.
Depuis peu, mon œil a envie d’autre chose et je pense que cela est lié à l’écriture.
Ecrire vous pousse à vous interroger. Au début, vous faites cela pour vous, vous commencez par griffonner vos états d’âmes et puis vous vous mettez à imaginer des histoires, courtes, qui ressemblent étrangement à votre vie. Et puis, plus vous écrivez, plus vous devenez exigeants, cherchant toujours davantage à vous surpasser, à sortir de cette posture dans laquelle il est rapide de s’enfermer : parler de soi.
Et pour écrire différemment, vous lisez différemment.
J’ai alors croisé le chemin d’auteurs japonais qui par leurs lenteurs, leurs regards différents sur les relations humaines, ont apporté quelque chose de nouveau dans mes lectures.
Mais surtout, j’ai rencontré Russell Banks (une critique sur mon blog) et là, ma transformation a été complète ou comment un seul livre peut vous ouvrir les yeux sur tant de choses et notamment sur le rôle et la place de l’écrivain.
Le stéréotype de l’écrivain français est un peu romantique : un peu torturé et qui n’a trouvé pour seul échappatoire que l’écriture, quelqu’un qui sonde sa vie, ses ressentis pour tenter de les généraliser et d’attirer le lecteur dans son univers, proposer au lecteur de s’imaginer dans la peau du personnage.
Cela fonctionne parfois très bien et certains livres vous transportent et vous bouleversent profondément et intimement (une pensée pour Nos vies désaccordées de Gaelle Josse qui me poursuit encore).
Mais parfois, on a envie d’autre chose ou en tout cas, on se dit qu’il serait bien de ne pas rester dans cette auto contemplation mais qu’il faut s’élever, prendre de la hauteur. Ne pas se contenter de raconter des histoires, mais raconter l’Histoire. Prendre le théâtre de la vie moderne, source inépuisable d’inspiration, pour le tordre dans tous les sens pour en faire sortir la substance.
Un écrivain n’est pas un journaliste et il a cette chance ! Il peut aller très loin dans la critique, analysée la société sous l’angle qu’il souhaite, on ne l’attaquera jamais pour son manque d’objectivité. Avec un roman, on peut tout dire.
La littérature a cela de fantastique, n’est on finalement pas là dans le dernier véritable terrain de liberté ?
L’adage dit bien que les paroles s’envolent et les écrits restent, mais ceux qui demeurent réellement ne sont-ils pas ceux qui reflètent pleinement une société à un moment donné, qui transcendent le personnage pour aboutir à quelque chose de plus loin, plus haut ?
à 16 h 00 min
Rien ne sert de courir la vie est plus courte qu’on ne saurait le penser .J’ai imaginé des personnages dans un monde différent de celui des humains aussi imparfaits que nous le sommes avec beaucoup de théologie .Et si après la mort il n’y avait ni descente aux enfers ni de montée paradisiaque mais un endroit ou Dieu et ses archanges travaillent ensemble afin que notre existence nous prouve toutes nos imperfections en nous laissant ce libre arbitre :’ Celui de nous accompagner dans ces choix arbitraires capables de déceler en cet humanité là nos limites et facultés de compréhension ….Si seulement c’était vrai! A cela mon choix s’est porté sur une écriture fantasque .Peut être pour amoindrir nos peurs face a ce passage terrestre dans nos peaux de chair et de sang .L’idée d’une appartenance nous plait bien j’en ai fais ma source d’inspiration .
à 23 h 15 min
Bonjour
J’ai adoré ce que vous avez écrit, votre style aussi, c’est simple, élégant et classe, j’ai envie de vous lire plus. Bonne continuation.