Dans la main du diable, Anne-Marie Garat

1 septembre 2012 11 h 10 min

Dans la main du Diable est le premier tome d’une trilogie de romans écrits par Anne-Marie Garat. Publié chez Actes Sud en 2006, chacun des trois romans existe désormais en poche chez les éditions Babel.
Le moins que je puisse dire c’est que ce livre m’a transportée, habitée, m’a fait vibrer. Cette histoire au long cours a déclenché une manie que j’avais réussi à repousser loin de moi : celle de me ronger les ongles.

Avant de poursuivre plus loin, sachez qu’après une petite enquête sur Internet, ce livre a provoqué des réactions assez extrêmes : impossible de rester neutre après s’être immergé dans l’univers de Gabrielle Demachy au milieu du Paris de 1913. Certains ont adoré, d’autres ont détesté.
Je ne vous parlerai pas des arguments des seconds, je suis là pour vous faire partager mon énorme enthousiasme sur cette lecture. Peut-être cela est-il lié au fait que je sois personnellement très attirée par les romans historiques qui apportent à une belle plume une autre dimension grâce à un travail de recherche minutieux.

anne marie garat

Anne-Marie Garatsrc/ lireaujardin.canalblog.com

Ce roman nous emmène dans les revers des manteaux, et sur les voilettes des dames.

Automne 1913. A Paris et ailleurs – de Budapest à la Birmanie en passant par Venise -, une jeune femme intrépide, Gabrielle Demachy, mène une périlleuse enquête d’amour, munie, pour tout indice, d’un sulfureux cahier hongrois recelant tous les poisons – des secrets de coeur au secret-défense… Gabrielle Demachy s’avance, lumineuse et ardente, dans les rues de Paris, sur les chemins du Mesnil ; entre l’envol et la chute, entre eaux et sables, la voici qui entre dans le roman de sa vie…
Gare à la main du diable… ! (source : Actes Sud)

Les descriptions sont pour moi le point fort de ce livre. Elles nous permettent de suivre les pensées, les évolutions des sentiments, la profondeur des âmes au rythme de cette époque. J’ai de la nostalgie pour ce début du siècle où les gens prenaient le temps de vivre, loin de notre rythme affolé du 21ème siècle.
Lire ce livre en me baladant aux quatre coins coins de Paris me faisait lever la tête pour voir au-delà des apparences les âmes disparues. La galerie Vivienne, le musée du Louvre, le jardin des tuileries, m’offraient une dimension nouvelle avec des dames coiffées de leur chapeau, ou une ombrelle à la main. J’y entrevoyais des gabardines noires, des vestons et des moustaches de soie.

Dans la main du diable
Oui, c’est long, mais c’est un plaisir de se laisser bercer pendant des jours durant dans cette époque. Pour la première fois, il m’a été impossible de ne pas m’offrir une page de lecture pendant mes heures de bureau. Impossible de résister au charme de cette écriture d’un grand talent, de fuir ces mots si justement trouvés, de quitter ces personnages si attachants…
J’ai aimé chaque page, le rythme qui monte crescendo au fil des pages, la description du toucher amoureux qui électrise, la force de l’amour porté à un enfant, le tissage des liens entre des inconnus, les différentes visions de la vie par ces personnages tous si différents, l’insouciance que tous affichent sans y croire à la veille du 1er août 1914, la panique d’une guerre qui commence, les premiers amours d’une adolescente, la description des environs de Paris alors si vierges, les informations contemporaines qui gravitent autour de ces personnages par les journaux.
J’ai parfois quitté mon livre pour chercher sur Internet des informations qui m’échappaient : Dreyfus, J’accuse de Zola, des tableaux, la mort de Jean Jaurès, le climat politique de l’époque, les rues de Paris en 1913… Toutes ces choses si bien détaillées mais dont il me manquait l’image, ou l’histoire…

C’est avec violence que je vais me forcer à ne pas lire la suite dans l’immédiat, pour laisser cette fresque littéraire s’étendre dans le temps et dans mon âme…

Citations :

« Ce monde bouillonnant de la ville la fascinait, comme si, sous les apparences changeantes, elle voyait passer non les silhouettes mais les âmes, les passions d’égoïsme, de bonté et de colère, les appétits et les chimères qui agitent toute vie » 

 » Ils se taisaient. Ils n’avaient rien à dire de plus ; entre eux c’était inutile. Ils savaient assez l’un de l’autre, et encore tout ce qu’ils ne savaient pas, pour s’entendre sans les mots. Bouleversé de le comprendre, il l’attira soudain sur ses genoux, l’enlaça passionnément à pleins bras, comme elle l’enlaçait, contre toutes ces menaces du monde refermant leur étreinte, et ils restèrent ainsi, se berçant du bonheur d’être deux, ensemble dans le silence de la nuit, dans une plénitude qui oubliait même ce silence, et cette nuit. » 
Dans la Main du Diable, Anne-Marie Garat éd. Actes Sud en grand format 25,40E. éd. Babel pour le format poche 12,50E.

Vous en parlez

  • Ohlala ta critique me donne encore plus envie de le lire. j’adore cette sensation dan les livres historiques où tu relèves la tête pour observe où tu es aujourd’hui!!
    Les sagas historiques bien écrites et bien fournies c’est si bon!

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