Le prochain virage

10 juin 2013 19 h 44 min

Nous avons pris la route des vacances de bonne heure.

Cette route je l’ai chérie pendant des années. J’attendais le jour du départ avec impatience. Je rêvais le nez collé à la fenêtre de la voiture. Les paysages défilaient et j’étais heureuse. Le vent soufflait comme une vague de promesses et soulevait le sable des plages encore désertes.

 

Un virage et la maison.

Nous abandonnions nos vêtements de ville pour des tenues plus confortables. Je quittais mes chaussures et je vivais pieds-nus jusqu’à la rentrée de septembre, un délice.

La maison ressemblait à un champ de bataille toute la semaine. Nous nous attelions à la remettre en ordre le vendredi soir, avant l’arrivée des parents. Le reste du temps, nous profitions pleinement de l’absence de contraintes, des déjeuners en maillot de bain sur la terrasse et des plateaux-télé.

Le dimanche soir nous reprenions nos aises et engloutissions des tartines de brioche beurrée.

 

Un virage et des souvenirs à la pelle.

La récolte des mûres, le marché du samedi, les soirées entre cousines, les cours de voile, les déguisements de grand-mère, le camping dans le jardin, le goûter chez mamie et les pingouins au chocolat, la soupe de vermicelle, les premiers coups de foudre, le bal du 14 juillet, les tartines de Nutella sur la plage à marée basse, le pain frais du matin.

Et puis la cabine téléphonique du coin de la rue, en face de la mer (elle a disparu), de laquelle je passais mes coups de fil à un militaire sans scrupule dont je m’étais amourachée.

Les noëls en famille, les draps encore trop frais, les balades en brouette et les vélos dépourvus de freins.

Mon grand-père à l’ouvrage, les beignets à la pomme et Beethoven en boucle dans le salon.

 

Un virage. Tout a changé.

Les maisons ont remplacé les clôtures, les voisins ont disparu. L’herbe du jardin vire au brun, les arbres ont été abattus. Le mobilier est plus moderne, les meubles anciens ont été relégués au grenier. Les rires d’enfants ne viennent plus me réveiller le matin.

 

Un virage. J’ai 32 ans.

Je reprends la route avec un petit homme de 3 mois. Quatre générations se sont croisées sous ce toit.

Mon rêve était qu’il connaisse cet endroit, que je puisse un jour lui raconter mes souvenirs, comme mon père l’a fait jadis avec moi.

 

Un virage.

C’est son histoire qui commence. Quant à moi, il me reste des images ancrées dans ma mémoire et des tonnes de souvenirs que j’aime revisiter au détour d’un doux rêve.

oiseaux

Vous en parlez

  • Je me suis laissée aller à faire la route avec toi, et suivre ces souvenirs que tu évoques avec pudeur. C’est très beau, et j’ai envie de te dire que cet endroit donne envie de le connaître plus 😉

    • Merci FleurDeMenthe. Cette route je l’espère bercera les jeunes années de mon petit homme et mes souvenirs l’aideront à l’apprécier davantage.
      Nous nous retrouvons tous un jour à mi-chemin entre les souvenirs et le présent et si mes lignes t’ont donné envie de revisiter à ton tour la route des vacances, j’en suis heureuse.

  • •✰ •✰ •✰ •✰ •✰ •✰
    MERCI à toi Marie pour ce beau texte !!!! c’est un beau partage !

    Tes bisous et celui de ton petit Prince me sont bien arrivés ! 🙂
    Je vous embrasse et je vous souhaite une bonne journée 😀
    •✰ •✰ •✰ •✰ •✰ •✰

  • Je t’ai suivi sur le chemin, ressenti bien des émotions semblables, j’ai régrette toute ma vie de n’avoir pas cette maison « de famille » pleine de ces souvenirs à raconter ensuite à mes enfants il y en a e d’autre mais pas cette attachement profond à un lieu celui des vacances à la mer et des souvenirs heureux!
    Alors bonne route Marie à ton petit prince, bisous
    Catherine

    • C’est une chance Catherine d’avoir cette maison, ce lieu qui nous permet de nous retrouver, de reprendre nos marques. Cela faisait si longtemps que je n’y était pas retournée, ça m’a fait un bien fou d’y emmener mon petit homme.
      Portes toi bien.

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