Lettre à la mer

28 juin 2012 8 h 56 min

A vous qui trouverez cette lettre, sachez que depuis quelques mois, je souffre d’une maladie grave. A ce propos, je vous remercie pour toutes les marques d’affection que vous ne manquerez pas de me prodiguer à la découverte de cette triste nouvelle. Donc, tout cela pour vous dire que je souffre d’un mal particulièrement rare qui se manifeste par une incapacité à ouvrir le moindre livre. Rien que d’y penser, j’ai le cœur qui palpite, la bouche tordue par un rictus, je sens la fièvre monter.

Les couvertures de bouquins qui me faisaient habituellement des clins d’œil insistants ont subitement décidé de regarder dans une autre direction comme si elles étaient affectées d’un strabisme divergeant incontrôlable. Les phrases de plus de trois lignes m’endorment, les petits caractères me piquent les yeux et je trouve que le papier a une odeur particulière.

Au début, mon portefeuille avait apprécié ce changement salutaire mais j’ai très vite trouvé de nouveaux subterfuges déraisonnables qui n’ont cependant pas réussi à remédier à ce grand vide. Comme quoi, la futilité a parfois ses limites.

Aux grands maux, les grands remèdes : je décidais de me promener avec un livre alibi comme ces gens qui se promènent avec leur chagrin en écharpe peut-être pour le regarder de plus près ou pour lui faire prendre l’air ou juste pour espérer qu’il s’envole.

Cette technique avait pour but de me donner une contenance et surtout d’essayer de me convaincre que cette phase n’était que passagère : la passionnée de lecture que j’étais, allait sûrement refaire surface. Je guettais les signes d’une convalescence qui tardait à se manifester.

Par chance, je suis tombée sur Le Turquetto de Metin Arditi, roman historique sur un peintre méconnu dont le talent aurait rivalisé avec celui du Titien. Dit comme ça, je comprends mieux ma difficulté à m’intéresser aux 20 premières pages, mais j’ai fini par me laisser emporter par l’atmosphère vénitienne, la grandeur de Venise de l’époque, ses ors et sa créativité bouillonnante.

Depuis, j’attends ma prochaine épiphanie.

P.S. Avez-vous eu des coups de cœur qui pourraient contribuer à ma guérison ?!

Vous en parlez

  • Pourquoi à la mer la lettre ?…

    Cela fait bien longtemps que j’ai ressenti cette difficulté à lire. Je me suis forcée, et un jour, le plaisir est revenu. J’imagine un livre qui transporte, qui fait voyager, qui envire… Peut être Echappée vagabonde de Blanche De Richemont, je ne l’ai pas encore lu, mais j’en ai entendu beaucoup de bien. Un polar qui captive bien ou un Douglas Kennedy…
    Mais je crois que la fatigue est la principale responsable de cette difficulté : avoir l’esprit trop rempli pour y mettre quoique ce soit…

  • Un livre lu dernièrement, parfois dur mais qui au final réconcilie avec la vie: un hiver avec Baudelaire.
    Un roman captivant: cette main qui a pris la mienne
    Un roman de l’été: cet été là de Véronique Olmi…
    Et tant d’autres mais qui sont peut être trop sombres pour redonner le goût de lire…

  • Je viens de lire un merveilleux livre où j’en parle sur mon blog : Le ciel est partout de Jandy Nelson.
    Il m’a fait beaucoup de bien et m’a éblouie, alors pourra-t-il peut-être t’aider…
    Bises

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