Le paradoxe de l’écrivain en devenir

9 juin 2012 20 h 30 min

La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva laide.

Je me rappelle encore mon émoi à la lecture de cette phrase que j’ai relue plusieurs fois, pour bien m’en imprégner.
C’était la photo en noir et blanc sur la couverture qui m’avait décidé à acheter ce livre. Un buste de femme derrière une fenêtre sous les toits parisiens. Mystérieux. Elle avait l’air d’attendre et d’espérer quelque chose qui ne viendrait peut-être pas.
Lorsque j’ai ouvert le livre, j’ai su que plus rien ne serait pareil.

J’ai su qu’inexorablement, cette phrase me pousserait un jour à écrire.
Mi-ange, elle insiste sans relâche pour que je finisse par écrire ce fichu livre que je porte en moi, trop bien enfoui. Dès que je l’oublie un peu trop, les mots remontent à la surface et la phrase commence à me tarauder. Parfois cajoleuse, parfois piquante, toujours insistante, elle fait entendre sa petite ritournelle et ne me laisse aucun répit ; elle est là pour me rappeler le pouvoir des mots. « Lance-toi » me murmure-t-elle avec un petit ricanement.

Mi-démon, elle ne manque pas de me répéter que jamais je ne pourrais égaler le grand Aragon. « Qui es-tu pour prétendre rivaliser avec une telle accroche? ». Pour tenter de l’apprivoiser, je lui ai donné un petit nom : je l’ai rebaptisée le paradoxe de l’écrivain en devenir. Car tout le pousse à écrire et tout l’en empêche. Toute lecture est source d’inspiration mais également source de comparaison et de remise en question.
Le découragement fut proche mais les mots d’Aragon finirent par me décider.

Ceci est mon premier texte. Jugez-le avec indulgence pour que l’ange prenne le dessus sur le démon.

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