Les Déferlantes de Claudie Gallay

17 juin 2012 21 h 36 min

Je suis passée devant ce livre une fois, puis une seconde, chaque fois lui jetant des regards inquisiteurs, haussant le sourcil droit, puis le gauche… Vous l’aurez compris, à la troisième fois je l’ai saisi fiévreusement en lui demandant ce qu’il avait de si particulier pour projeter une telle aura autour de lui.

src/ Librairie en ligne laprocure.com

J’ai feuilleté ses 540 pages, j’ai lu quelques passages, et je me suis décidée à l’acquérir. Une telle chimie entre un livre et mon esprit ne pouvait pas être ignorée.
J’ai attendu le bon moment pour le lire, la phrase qui clôt le texte la quatrième de couverture me gonflant d’espoirs quant à cette lecture, je ne voulais pas être déçue : un roman ardent porté par la violence des grandes marées, à l’écriture dépouillée et sensible.
Cette phrase me chuchotait à l’oreille que les sentiments seraient retranscrits à l’état brut, que l ‘écriture elle-même serait un prisme au travers duquel l’histoire revêtirait des lettres de réalisme…

J’ai attendu le bon moment, et j’ai bien fait. J’ai ouvert une première fois le livre pour en lire 50 pages. Je l’ai ouvert une seconde fois pour en lire 100. La troisième fois que je l’ai ouvert, c’était un dimanche, j’en ai lues 390. Je l’ai terminé en un temps qui m’impressionne moi-même. Ce livre est envahissant, possessif. Une fois commencé, il est impossible de le quitter. Chaque fois que je le reposais pour m’adonner à d’autres activités, j’avais la sensation d’avoir une nouvelle veine qui me sortait du bras et qui se nourrissait du livre, qui vivait au travers des personnages. J’étais mentalement reliée aux personnages,  à cette mer, à cette terre si particulière qu’est La Hague. Si je m’éloignais du livre, c’était comme si je m’arrachais une perfusion vitale.
C’était peut-être les crampes de tenir le livre pendant des heures, de m’y projeter qui me donnait cette sensation de dépendance  physique.

claudie gallay

Claudie Gallay – src/ babelio.com

Que vous dire de ce roman, à part que je l’ai aimé plus que de raison ? La mer y est intensément présente, parfois personnifiée. Les descriptions de  son âme, son bruit, nous entraînent à la craindre autant qu’à la regarder. On y suit la redécouverte de l’amour du personnage principal. Une femme dont on ne connaît (ou ne retient) ni le nom ni l’âge. C’est pour s’isoler et se retrouver suite au décès de son compagnon qu’elle s’est exilée sur ces terres.

Elle s’enracinera à La Hague, se laissera porter par ses sentiments, et s’attachera à des personnages terriblement humains. Ceux-là même que l’on réduit trop souvent au qualificatif d’être des gens du cru.
Chacun d’entre eux a une histoire, chacun a une personnalité poussée et détaillée autant qu’on peut le voir via le regard que leur porte le personnage principal.

Bref, un extrait de vie, une histoire qui est très bien menée, décortiquée, emmenée, et des sentiments, des émotions qui suintent des pages comme cela m’est rarement arrivé d’en découvrir.

Quelques extraits :

« […] le vent est venu cogner contre la digue, une première rafale, on aurait dit un coup de butoir. Les planches se sont mises à battre sous le hangar […]. Un volet mal attaché a claqué quelque part. La mer s’est durcie, elle devenue  noire comme si quelque chose d’intolérable la nouait de l’intérieur. Le bruit assourdissant du vent s’est mêlé à celui des vagues. ca devenait oppressant. » 

« Comme une épine enfoncée dans le fond de ma chair. Parfois, je t’oublie. Et puis il suffit d’un geste, d’un mauvais mouvement, et la douleur revient, tellement vive.Parfois aussi, la douleur n’est pas là et c’est moi qui la recherche. Je la trouve, je te réveille. La douleur familière. » 

Vous en parlez

  • J’avais dévoré ce roman, lu pendant mon été de serveuse, entre deux services, je me jetais dessus, en attendant mon chauffeur…et quand on connait un peu la Hague, et les côtes de la Manche, c’est une téléportation directe sur les plages balayées par les vents…

  • La couverture m’a attiree au premier coup d’oeil mais je dois dire que ce sont surtout tes mots qui m’invitent a decouvrir ce roman. Si je pouvais je crois meme que je foncerais a la premiere librairie pour me le procurer, il va falloir que j’attende un peu mais ce qui est sur c’est que je vais le lire. Merci!

  • Bon après « orgeuils et préjugés », je prends également note de celui-ci qui d’après ta lecture a l’air tout bonnement incontournable !
    En tout cas, j’apprécie beaucoup ta façon de décrire comment tu appréhendes le livre et je dois bien dire que je suis pareille !
    Nos premiers contact avec un roman sont essentiels et déterminent notre relation de lecture par la suite !
    Bel avis en tout cas, merci 🙂

  • Comme toi, j’avais beaucoup aimé ce livre…

  • Merci pour cette critique, j’ai moi aussi adoré ce livre ! J’ai aussi fait une critique littéraire, et comme toi je trouve que parfois les critiques classiques, ça manque d’émotions. J’ai bien aimé lire ta vision de l’œuvre, c’est vraiment intéressant de se « confronter » au regard des autres lecteurs (futur projet de septembre ?). D’ailleurs, si jamais ça te tente de lire ma critique (très courte) sur « Les Déferlantes », voici le lien : http://aliceneixen.com/decouverte-coup-de-coeur-2011/

    Et puis, la même plume mais un style complètement différent, « L’amour est une île », grandiose ! http://aliceneixen.com/la-fidelite-en-ecriture/

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