Premier enfant

5 juin 2012 7 h 34 min

C’était une porte tout ce qu’il y a d’ordinaire. Mais d’un mauve si tendre…
Un lilas odorant dans un jardin paisible. Jamais vous n’auriez deviné ce qu’elle cachait.
La souffrance de muscles tendus dans un effort suprême.
La violence d’un corps qui se déchire pour donner la vie.
Le rouge d’une flaque sur le carrelage blanc – ce pouvait-il que tout ce sang ait coulé de moi ?

C’était une porte tout ce qu’il y a d’ordinaire. Mais d’un rose si doux…
Un nuage prometteur de barbapapa fondante.
Un décor planté pour les visiteurs.
Ils se pressent à pas feutrés autour du berceau de plexiglas. Leurs bras sont chargés de
présents molletonnés et duveteux. Ils murmurent des banalités d’une voix à peine audible,
craignant de rompre l’atmosphère ouatée. Puis ils s’en retournent à leur routine, refermant
doucement derrière eux l’écran pastel sur la jeune femme devenue mère.
Son corps bouleversé n’est que douleur. Son cœur explose d’une douceur nouvelle.
Elle regarde le petit être et réalise… qu’elle tient sa VIE entre ses mains !
Un abîme s’ouvre sous ses pieds. La tête lui tourne ; elle ferme les yeux.
Elle se recroqueville sur le lit comme l’enfant dans son nid d’ange.
Elle est petite et vulnérable. Elle est l’enfant. Elle vient de naître.

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