Te souviens-tu?

8 avril 2014 7 h 34 min
maison
 
 
Peter Pan,
 
Te souviens-tu de cette nuit-là, il y a 4 ans ? J’étais incapable de dormir et en jetant un coup d’œil à ma fenêtre, j’ai croisé ton regard. Tes beaux yeux noisette aux éclats d’or me fixaient. Je n’avais rien vu d’autre et j’étais déjà amoureuse de toi. C’est le coup de foudre dit-on. J’ai voulu m’approcher de la fenêtre, te voir de plus près. J’ai pu t’admirer. J’étais sous le charme de ton regard énigmatique, ton sourire, ton rire, qui résonnait dans cette froide nuit de novembre. Tu t’es rapproché de mon visage et m’a murmuré : Ne souhaites-tu pas partir d’ici, chère Wendy ? Et je n’ai pas pu te résister. Comment te résister, que dis-je ! Nous nous sommes pris la main ; tu avais une main chaude et rassurante. Et nous sommes partis vers ton Pays Imaginaire.
 
Durant ce court voyage, tu m’as raconté pourquoi tu étais venu sur Terre. J’ai appris que tu cherchais ton ombre désespérément depuis quelques années et que cette fois, au lieu de fouiller dans les tiroirs et les armoires des maisons environnantes, tu m’as trouvée. Me trouvant triste, tu as décidé de m’emmener avec toi. Je trouvai cela tellement gentil de ta part, que mon amour pour toi grandit. Peter, tu étais bien plus aimable que les gens sur Terre. Sur le moment, j’ai cru que tu étais l’homme de ma vie. Tu me tenais gentiment la main comme si c’était un  comportement totalement normal entre nous et tu te souciais de moi ; je ne pouvais demander mieux!
 
Arrivé chez toi, je me sentis bien. Le Pays Imaginaire que tu m’avais décrit était comme je l’avais imaginé. Tout le monde était libre de faire ce qu’il lui plaisait, sans parents et sans règles. Tout le monde avait encore son coeur d’enfant. Et il y avait toi, mon beau Peter Pan, qui me tenait compagnie jour et nuit, qui m’apaisait par ta seule présence. Tu m’as tout appris de l’amour. J’ai appris à aimer une personne avec mes tripes. J’ai appris à rendre quelqu’un heureux avant de me rendre heureuse moi-même. Tu prenais toute la place, dans mon coeur et dans mon esprit. Je pensais à toi jour et nuit. Je rêvais de t’embrasser…
 
Mais plus les années passèrent, plus je me demandai si mon amour pour toi était réciproque. M’aimais-tu comme moi je t’aimais ? M’aimais-tu aussi fortement et intensément que moi ? Une nuit, je t’ai murmuré un « je t’aime ». Et tu m’as répondu pas un sourire. Un sourire dont seul toi avais le secret.
 
Cela m’a rendue niaise. Je croyais que cette action signifiait que tu m’aimais autant. Mais un sourire signifie tant de choses que j’ignorais à ce moment-là.
 
Les semaines qui suivirent passèrent lentement. Nous passions nos journées entières ensemble et tu ne me montrais aucune signe potentiel d’affection à mon égard. Certes, tu me prenais la main et me donnait des câlins de temps en temps, c’est ça s’arrêtait là. Moi, je m’attendais à plus, comprends-tu ? Je voulais que tu m’embrasses tout en avouant en mots ton amour pour moi. Mais rien n’arriva. Les journées se ressemblaient toutes. Rien de nouveau venait rompre notre cycle de lassitude. Enfin, pour moi. Toi, tu t’amusais tout le temps. Tu jouais des tours au Capitaine Crochet, te battais avec les Enfants Perdus, nageait avec les sirènes et faisais la fête avec les indiens… Mais moi, n’y avais-tu pas pensé, à mon bonheur ? Cette fameuse nuit, ton but n’était-il pas de me rendre heureuse en s’envolant ensemble au Pays Imaginaire pour chasser ma tristesse ? Peter Pan, tu as dû perdre ton but en chemin, tout comme ton ombre.
 
Une journée, j’en eu assez. Assez de toi qui ne voulais que t’amuser. Assez de toi qui ne se souciais que de son petit monde. Je faisais partit de ton monde oui, mais je me trouvais bien trop loin de toi à mon goût. Quand je t’ai annoncé mon départ, tu m’as engueulée, tu te souviens ?
 
 » Quoi, tu n’es pas bien ici ? La vie est bien mieux au Pays Imaginaire que sur Terre ! Tout le monde est heureux ! Veux-tu redevenir triste comme avant ? Avoir pleins de problèmes de grandes personnes ? Grandir ? Reste, s’il-te-plaît ! Je ne veux pas que tu partes, ça serait trop triste sans toi… « 
 
Tu m’as fait verser bien des larmes. Car j’ai réalisé que tu m’aimais bien, finalement. Tu aimais ma compagnie, tu ne voulais que mon bien. Mais pas comme à ma façon. Moi, je voulais vivre un grand amour. Toi, une grande amitié. Je ne pouvais pas rester. Cela m’aurait fait trop de mal.
 
Alors je suis partie, sans te dire au revoir. Sans explications.
 
Je me demande bien si tu as remarqué mon absence. Si tu t’ennuies de ma compagnie. Pour ma part, je me suis énormément ennuyé de toi. Notre premier amour, on ne l’oublie jamais qu’ils disent. Cela m’a pris beaucoup de temps pour accepter ma décision. Accepter de grandir à nouveau, accepter d’être triste de temps en temps. Accepter que tu ne sois plus là… J’ai eu énormément de remords. Mais avec du recul, je crois que je suis mieux ici qu’avec toi. Avec toi Peter, j’aurais été malheureuse. Car contrairement à toi, je veux vivre. Je veux un amoureux qui m’aime. Je veux grandir, j’ai hâte d’être vieille, je veux voyager, découvrir. Et tout ça, je n’aurais pas pu le faire à cause ton esprit borné qui a peur de grandir.
 
Alors je te remercie pour les belles années d’aventure et de joie que tu m’as offertes. Sans elles, que serais-je devenu? Merci de m’avoir fait connaître l’amour, merci de m’avoir aider. Sans Peter Pan, Wendy ne serait plus là… Souviens-en toi. Souviens-toi que tu as semé le bonheur dans mon esprit, souviens-toi que tu m’as fait rêvé à des choses qui m’ont rendues heureuse. Je te remercie infiniment.
 
Affectueusement,
Ta Wendy.
 
PS: En revenant sur Terre, j’ai retrouvé ton ombre. Elle était sous mon lit. Depuis que je l’ai découverte, elle ne me lâche pas d’une semelle (et c’est le cas de le dire). Elle s’est fusionnée à ma propre ombre. Elle a l’air de s’y plaire. Maintenant, je me sens comme si je portais toujours une partie de toi avec moi, peu importe où je vais. Notre premier amour, on ne l’oublie jamais qu’ils disent…
PPS: Oh, et s’il-te-plaît, ne sois pas fâché en lisant cette lettre, ne la déchire pas. Je sais très bien que tu penses à le faire en ce moment. Je ne voudrais pas me réveiller un matin avec comme première vue pleins de morceaux de papier éparpillés dans ma chambre… Garde-la précieusement en souvenir de moi, comme je chouchouterai ton ombre jusqu’à la fin de mes jours.
PPPS: Je t’aime à l’infini, mon amour. Tu seras à jamais dans mon coeur.
 

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