Un matin sur la terre

17 mars 2014 22 h 19 min

Le moteur du bus s’arrête à peine, chacun est déjà bien loin. La station grouille de monde. Les gens se bousculent, s’évitent. La cadence est soutenue. C’est toujours comme ça le matin. Il ne faut pas perdre de temps.

L’air frais fait rosir les visages et dépose un léger film de soie sur les manteaux colorés des passants. Le jour se lève doucement, à la manière d’un amour naissant. Le citadin s’affaire à lire les nouvelles du jour sur le petit écran de son téléphone ou bien se laisse bercer par la musique saccadée d’un tube de sa jeunesse, le casque vissé sur les oreilles. Nul n’est attentif aux bruits du monde. Seul l’amoureux des mots et le contemplateur, être spirituels mus par une envie de saisir chaque instant, se plaisent à regarder autour d’eux ce que le monde est prêt à leur révéler. Chacun à sa manière fera jaillir l’œuvre d’art de cet instant, presque banal. Un poème ou une méditation, une prière ou un tableau.

Le métro apparaîtra bien fade et triste juste après, engoncé dans ses habits de fortune. Le métro aux marches maculées de taches sombres, aux airs d’apocalypse, le métro dégageant une odeur de rat mort et de sueur presque sauvage, ne laisse pas les usagers indifférents. Il faut une forte dose d’humanité pour s’imprégner de cette saleté et la transformer en expérience bienfaitrice. Beaucoup ne s’en donnent pas la peine, plongés dans leurs pensées ou le dernier livre acheté la veille, sur les bords de Seine, baignés d’une lumière tranquille.

Le terminus se profile à l’horizon. Le signal strident sort chaque être de sa rêverie. Pourtant certains ne sont pas prêts à laisser tomber leurs personnages. Ils montent les marches absorbés, ne remarquant même pas la vitesse avec laquelle les autres voyageurs se faufilent, avides de quitter la vie souterraine et de revoir le ciel au-dessus de leurs têtes.

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