Concours de la rentrée #Rosalie All

25 octobre 2012 18 h 40 min

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Ce jour-là, à la fin du mois de septembre, en l’espace de dix minutes, quelque chose a basculé.
11 ans et 19 jours exactement après l’attentat qui choquait et bouleversait le monde entier, New-York était touché par un nouveau attentat. Cette nuit-là Wall Street s’écroulait.
Je n’appris la nouvelle que le matin du 1er octobre en me levant. Je sortais de ma douche et, dans la cafetière encore bouillante, m’attendait mon café. J’allumai la radio et m’asseyai, encore dans un état de somnolence.
<< - C’est une catastrophe pour l’économie mondiale, une catastrophe pour des millions de gens… Ils se retrouvent aujourd’hui ruinés… Comment une telle chose a pu arriver ? Nous entendrons ce matin le discours du Président de la République qui a tenu une conférence d’urgence dans les heures qui ont suivi l’attentat. Il devrait mettre en place des mesures d’urgence pour faire face à cette attentat économique alors que le pays est déjà en pleine crise… dans les rues on voit des gens en pleurs, ils savent d’ores et déjà qu’ils ont tous perdu… reportage Daisy M…>>
Dans la suite du reportage était expliqué en détail le sort qu’avait connu le Wall Street Center, je n’arrivais pas à y croire, j’étais prostré, choqué, incapable de déplacer le moindre membre, c’était impossible… Je ne sais pas combien de temps je suis resté devant ma tasse de café refroidissante avant de me rendre compte qu’il fallait que je sache… que j’avais la veille placé une action de plus de 2 million de $ en Bourse, cette nuit elle aurait dû m’en rapporter le double, voir le triple…
J’allumais mon Ebook… il me fallut attendre de longues minutes pour avoir accès à mes données, le réseau était surchargé… C’est là que tout bascula…

Je ne me suis pas encore exprimé sur l’attentat en lui-même. Car ce fut un attentat bien particulier, ni cendres, ni morts (en tout cas pas recensés immédiatement, mais le nombre de suicide chez les traders, banquiers et autres industriels de l’économie, ainsi que celui du ministre de l’économie aurait sûrement dû l’être…), ne laissant même pas une ruine où se recueillir, seulement un énorme bâtiment qui se tenait toujours debout, droit et fier, à l’image de son créateur… détruit de l’intérieur, pourri jusqu’à la moelle mais toujours vaillant, la tête haute… Wall Street avait été hacker… on estimait les sommes d’argent détournées à plus de 75 % de l’économie américaine… les actions, les démarches de transaction, toutes envolées, disparues. On ne les a jamais revues réapparaitre nulle part… pourtant plusieurs centaines milliards de $ qui se baladent dans la nature ça devrait être repérable, mais la dessus le mystère reste entier. Comme les raisons qui poussèrent une classe de 32 étudiants de l’Université de Silicon Valley à voler tout cet argent et à se suicider… aucune explication… Le président ne sait jamais exprimé non plus sur les problèmes dans le réseau de sécurité du pays qui avait permis une tel énormité… qui aurait pu prévoir cela ? Il est certain qu’un des membres de garde ce soir-là avait fauté. Les journalistes se mirent en tête de le retrouver. Plusieurs suspects furent arrêtés, pour la plupart lynchés dans l’espoir de les faire parler et soit parce qu’il avait avoué sous la torture, soit parce que leurs bourreaux n’arrivaient pas à en tirer ce qu’ils voulaient, ils furent tués. Tous les riches, qui comme moi, avaient toujours grandi dans le luxe se retrouvèrent complètement démunis. Les premiers jours qui suivirent l’attentat, je n’ai pas été très inquiété, je ne me rendais pas compte de l’ampleur et de la signification de cette énorme perte. Le président nous promettait que tout allait rentrer dans l’ordre, que d’ici quelques jours, tout le monde aurait retrouvé son argent, que les banques et l’Etat allaient, ensemble et dans les plus brefs délais trouver une solution. Il aurait déjà fallu que les banques aient de quoi sortir la tête de sous les débris, un milliard de $ qui vous tombe sur la tête ça vous étourdit, des centaines de milliards de $ qui disparaissent ça vous tue…

Après une semaine sans véritable annonce pour rétablir l’ordre dans le pays, et dans le monde qui connaissait lui aussi une crise, d’une moins grande ampleur certes… je décidais de commencer à réunir le peu d’économies et de biens qu’il me restait, de quitter, il n’était même pas question d’essayer de revendre, mon appartement dans le centre et d’aller habiter cher mes parents qui avaient une ferme dans le Montana. Je commençai mon voyage dans ma voiture de fonction mais je n’avais pas fait le plein, toutes les stations avaient été vidées puis vandalisées, et je dus finir mon périple à pied. Je dois dire que mes parents ne m’ont pas reconnu, j’avais perdu le surplus de poids que ma mutation dans les bureaux avait entrainé, je portais une barbe de plusieurs semaines et je devais dégager une forte odeur. Il ne m’était pas venu à l’idée de me laver pendant mon voyage, j’étais presque devenu sauvage et je dû me réhabituer aux règles de la vie en communauté.

Quelques jours après mon arrivée ma sœur son mari et ses deux enfants arrivèrent. Ils habitaient plus près mais avaient mis du temps à se décider à quitter leur maison, mais les premières factures étaient arrivées, elles avaient atteint des sommes tellement extravagantes qu’ils n’avaient pu payer et les huissiers étaient bientôt venus leur rendre visite et les avaient mis à la porte sans leur laisser le temps de prendre des affaires. Ma sœur avait trois enfants, mais pendant le voyage sa cadette Ludmina était morte. Je ne sais pas comment, nous n’en avons jamais parlé, ma sœur ne l’a jamais dit à haute voix… elle n’a jamais plus fait illusion à elle…
Nous restâmes peut-être un mois, plus ou moins sans que les problèmes qu’il y avaient en ville ne nous rattrapent mais bientôt on nous coupa l’eau courante, puis l’électricité. Heureusement la ferme avait tout pour répondre à nos besoins… mais il n’y avait plus de médecins ni à la campagne, ni en ville d’ailleurs, plus d’hôpitaux publics… alors quand ma mère commença à ressentir une douleur dans le sein gauche et qu’elle y vit apparaître une boule, elle qui s’était toujours battu, se suicida…

Les années s’écoulèrent nous plongeant de plus en plus dans la misère, nous transformant de plus en plus en animaux. Un jour mon beau-frère eut le malheur de rappeler ma mère à mon père, il se jeta sur lui et l’étrangla. Je me chargeai d’enterrer le corps. Je le recouvris de plusieurs pelletées de terre, mais les mauvaises conditions dans lesquelles nous vivions m’avaient affaibli et je dus, le temps de reprendre force et souffle, faire une petite pause. J’allai reprendre ma pénible tâche, quand, une feuille, plus verte que les autres, voletant dans le vent, attira mon attention. Une boule me serra le cœur quand je reconnus la véritable nature de l’objet… un billet de 100 dollars. Je lâchai ma pelle et me précipitai dessus, l’attrapant avant que le vent ne nous le vole. Le billet bien tenu dans le creux de mes mains, serré contre mon cœur, je me précipitai jusqu’à la maison. Là, devant le regard étonné de mon père, ma sœur et mes neveux, je sortais mon trésor… On aurait alors pu croire, de nouveau, que ces derniers mois n’étaient qu’un mauvais rêve. Leurs regards s’illuminèrent, la joie transforma leurs traits. Jamais nous ne fûmes plus heureux que ce soir-là… La mort avait fui nos esprits, nous, nous allions vivre…

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