Concours de la rentrée #Emilie

1 novembre 2012 22 h 44 min

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Ce jour là, à la fin du mois de septembre, en l’espace de dix minutes, quelque chose a basculé.

J’étais dans ce bar en bas de chez moi, comme tous les matins depuis que j’avais emménagé dans la capitale. Je m’asseyais toujours au même endroit.  Dans le fond de la salle à côté du bar.  Et commandais toujours la même chose : un café avec un croissant. Pourtant, ce matin là, allez savoir pourquoi, j’avais envie de déroger à cette routine. Il faisait beau, l’air était frais comme un dernier jour de printemps. Je m’asseyais à la terrasse.  L’odeur du pain chaud, caractéristique de mon enfance, me propulsa dans la boulangerie de Mme Denis et j’eu envie d’un pain au chocolat. Je commandais ma viennoiserie avec un petit goût de nostalgie.

Je me mis à regarder les passants et me surpris à imaginer leurs vies, quand mon regard croisa le sien.

Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu. Il ralentit sa course, créant un bouchon dans les allées et venues des piétons. Les uns le contournent sans rien dire, les autres s’arrêtent pour le sermonner. Moi, je reste imperturbable, le souffle court, le cœur battant. Je baisse instinctivement les yeux sur mes mains tandis qu’une voix dans ma tête me crie de relever le menton.

Je sens qu’il me regarde, qu’il me scrute.  Son regard me brûle. Je me sens comme un bout de métal chargé d’électricité. C’est grisant, surprenant, fascinant.

Toujours la tête baissée, je sens l’électricité s’intensifier. J’ai les poils des bras qui se hérissent.

Il est là ! Devant moi. Je peux le sentir. Je lève les yeux et c’est l’évidence, le boom, le crash. Mes mains tremblent. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi faire.

Ses yeux sont d’un bleu limpide, ses lèvres d’un rouge sang et ses cheveux d’un  noir de jais. Il me déshabille du regard. Je rougis. Je ne me rappelle pas avoir jamais été regardée comme ça et ça me plait. Enfin, il brise ce silence étouffant.

Bonjour mademoiselle

Bonjour monsieur

Avez-vous du feu ?

Je ne fume pas

Moi non plus

Je souris, lui aussi.

Est-ce que vous voulez vous assoir ? lui demandais-je

Avec grand plaisir

On se regarde. On ne se parle pas et j’ai l’impression que les mots sont inutiles. A ce moment là je me rappelle d’une phrase de  Claudie Gallay : «  il est des êtres dont c’est le destin de se croiser. Où qu’ils soient. Où qu’ils aillent. Un jour, ils se rencontrent. »

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