L’esprit du Livre

16 juin 2012 14 h 44 min

 

 

Il y a des tas de façons d’approcher un livre, de l’apprivoiser. Et toujours ce prisme, cette couverture cartonnée qui fait barrage avant qu’on ne rencontre la première page, parfois même opacifiée par une préface trop lourde et indigeste, conciliante ou embarassée, théorique ou diluée dans des bavardages incessants. Toute cette attente pour, au final, atteindre une histoire.

Mais, j’ai découvert, à mes dépends, que cette découverte de l’histoire peut faire l’objet d’une quête, et même, d’un labyrinthe !

Tout a commencé certainement dans une classe poussiéreuse, durant un cours d’anglais que j’écoutais à moitié, lorsque le titre d’un nouveau texte est apparu au tableau. Deux petits mots: Beat Generation.  Je n’aurais jamais cru que ces deux petits mots réunis m’emmèneraient dans une ère de Into the wild, décuplé par l’évocation d’un inconnu intrépide et dynamique, à la limite de la transcendance dans un élan de jeunesse. Pour en arriver là, il a fallu que j’entende parler de Kerouac, et de son oeuvre Sur la route. Je ne l’avais pas lue, je ne connaissais que le contexte d’après guerre et de sa signification. Une parcelle infime d’un mythe littéraire américain.

Très vite, j’ai demandé à mon entourage si quelqu’un avait lu ce livre. Entre des commentaires acharnés sur l’illisibilité du livre, et l’absence de fans dans les 5km, j’ai alors regardé certaines critiques, mais rien ne me décidait à le lire. Puis, le film est sorti. Une belle bande-annonce, avec des couleurs chaudes propres au Sud-américain. S’en suit le mythe autour de la rédaction: Kerouac, devant sa machine à écrire, écrivant dans une cadence frénétique en ôtant la ponctuation, sous les effets de la drogue et de ses émotions les plus stridentes.

Il me fallait ce bouquin. Mais pas n’importe comment. Dans une belle édition, une jolie édition qui exprimerait et restituerait tout l’esprit du livre. Et dans cette approche du livre qui se veut toujours plus forte, je me tâte entre le lire en V.O ou français.

L’esprit du livre. C’est ça que j’apprécie davantage, cet esprit me semble irremplaçable ; quand bien même des kindles se voudraient l’évolution moderne de ce support, elles ne réussiront jamais à restituer l’esprit du livre, son contexte, son poids, sa genèse, la réflexion qui allie conception du livre (« préface ou pas préface ?« , quelle édition ? quelle traduction ?) et rédaction. Peut-être est-ce aussi l’idée affective que le livre est le seul à braver les controverses, au delà de l’auteur ? Comme en témoigne cet article qui s’insurge littéralement contre le mythe entourant Kerouac, le livre reste à l’épreuve de sa propre démystification, par sa seule capacité à traverser le temps, quand bien même le public l’oublie… ou lui rend justice.

 

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