Concours LME – Onee Chan

13 mai 2012 14 h 54 min

A Chanone. Un rêve éveillé.

Elle se réveilla, étourdie de son rêve. Mais ce n’était pas un rêve.
Ou du moins, Chanone espérait très fort que ça n’en soit pas un ! Elle tenta d’ouvrir un œil, mais la lumière trop vive du soleil, qui noyait déjà la pièce, l’en empêcha. Elle plaça une main sur ses yeux et souleva ses couvertures, afin de s’asseoir sur le bord de son lit une minute. Les yeux toujours fermés, comme pour prolonger un espoir un peu fou qui s’amenuisait au fur et à mesure que les secondes de silence s’égrenaient, Chanone se massa la nuque pour détendre les quelques raideurs provoquées par la nuit. Puis elle se leva et tira les rideaux, atténuant ainsi cette luminosité qui l’éblouissait. Oui, décidément, Chanone reconnaissait en elle les symptômes d’une soirée bien arrosée. Cela, au moins, elle ne l’avait pas rêvé !

Pleine d’espoir, elle se tourna de nouveau vers le lit qu’elle venait d’abandonner, retenant son souffle… On distinguait nettement l’empreinte d’une autre tête, moulée dans le second oreiller, et la silhouette d’un corps était dessinée par les plis des draps, à la place qu’elle n’occupait pas, de l’autre côté du lit. Le cœur de Chanone s’accéléra. Elle jeta un regard circulaire dans la chambre et découvrit les sous-vêtements qu’elle portait la veille au soir, ainsi que sa robe rouge carmin : ils gisaient tous sur le sol et menaient un à un vers la porte entrebâillée de la chambre. Un instant paniquée, Chanone porta une main à ses cheveux en grimaçant, puis tendit l’oreille. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne perçoive le doux bruit des tasses s’entrechoquant dans la cuisine et une agitation qui révélait l’élaboration d’un petit déjeuner : il y avait bien quelqu’un d’autre dans son appartement. Et elle ne parvenait pas à décider si cette constatation la remplissait de joie, de crainte, ou de remords.

Des souvenirs de la veille au soir refirent alors surface, par bribes tout d’abord : des roses rouges livrées sur son lieu de travail, une carte anonyme et succincte lui donnant l’heure et le lieu d’un rendez-vous… Son cœur battant la chamade prêt à exploser à l’idée de s’y rendre. Un frisson parcourut un instant l’échine de Chanone, qui l’incita à s’asseoir sur le rebord du lit. Elle avait eu le même hier matin, comme si elle pressentait ce qui allait se produire…

Chaque détail de la soirée de la veille lui revenait, à présent.

Son arrivée au restaurant, très chic, indiqué sur la carte ; Marc, assis seul à une petite table ronde, qui l’attendait. Il se leva pour l’accueillir en la voyant arriver, se figea un court instant comme si son cœur s’était arrêté de battre devant tant de grâce et de beauté… Mais il se ressaisit rapidement et la fit prendre place en face de lui. Il vérifia, d’un bref regard alentour, que celle qu’il s’apprêtait à demander en mariage faisait le même effet à toute l’assistance qu’à lui-même. Tous ces regards tournés vers eux le remplissaient de fierté, mais ne lui rendaient pas la tâche plus aisée pour autant. La soirée se déroula de manière idéale pour ce couple qui semblait si parfait aux yeux et aux dires des autres. Les plats s’étaient enchaînés au rythme de leurs discussions complices et le champagne coulait à flot. Chanone avait presque fini par se défaire de ce drôle de sentiment matinal, et c’est un Marc plus détendu qui prit solennellement la parole à l’arrivée du dessert. Il laissa le temps au serveur de déposer les assiettes et plongea sa main droite dans la poche intérieure de sa veste. Mais son regard trahit ses paroles bien avant qu’il n’ouvre la bouche. Chanone s’était figée et avait intuitivement reposé sa cuillère. Alors, Marc lui saisit délicatement la main gauche et, de sa main libre, ouvrit une petite boîte en feutrine noire, qui abritait un magnifique diamant.

Le reste de la soirée, Chanone n’en n’avait plus aucune idée. Peut-être s’était-elle évanouie ? Peut-être avait-elle juste… rêvé tout cela ? Des pas dans l’escalier la firent tressaillir et la ramenèrent à l’instant présent. Marc. Ce ne pouvait être que Marc. Elle ne savait plus si elle devait se lever, courir, se cacher… ? Ou juste l’attendre sereinement et lui sourire. Parce qu’à présent, elle était en sûre : elle souhaitait plus que tout épouser cet homme, plus qu’elle n’avait peur de s’engager, plus qu’elle ne voulait se protéger. Elle voulait s’ouvrir à lui. Elle voulait vivre avec lui. Marc entra dans la chambre en poussant la porte avec le pied, un plateau de petit déjeuner dans les mains. On voyait qu’il l’avait confectionné avec amour. L’odeur du café sortit Chanone de sa confusion et l’affama. Les tartines étaient grillées et beurrées. Au centre, une rose rouge irradiait. Chanone leva la tête et un immense sourire, qui ne voulait plus s’arrêter de grandir, fendit son visage. Ses yeux resplendissants de bonheur croisèrent le regard si amoureux de Marc. Non, elle ne rêvait pas. Elle était bien fiancée à l’homme le plus merveilleux du monde. Elle tendit ses bras vers lui pour lui offrir son amour et, en caressant lentement son visage, elle remarqua sa bague. Sa bague de fiançailles ! Ce n’était pas un rêve.

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