Précieuse soirée.

16 juillet 2012 9 h 16 min

Elle s’était assise sur les marches menant à l’entrée de sa maison. L’air était frais en ce début de soirée printanière, il caressait tendrement sa joue, sans la faire trembler. L’esprit de Sarah voguait paisiblement, porté par ses regards posés sur chaque petit détail de la nature qui se tenait immobile devant elle. Ce spectacle apaisant de la tranquillité lui donnait le sourire, ses traits s’adoucissaient, sous le flot d’agréables sensations qui naissaient dans son corps. Une cascade d’émotions bercée par un bien-être nourrissant. Sarah préférait contempler cette nature plutôt que de fermer les yeux. Elle s’y entrainait pourtant, certains moments, afin d’éveiller d’autres sens : sentir l’herbe frôler ses doigts, écouter le chant des oiseaux, celui des feuilles qui dansent, ce bruit de moteur, si éloigné de ce coin isolé de la campagne qui l’abrite… Ses yeux finissaient toujours par s’ouvrir de nouveau, attiré par les douces lueurs qu’offrait le soleil en cette soirée, cette chaleur qui défiait l’air en réchauffant sa peau, ces rayons que les nuages de coton filtraient. Cet instant, ce moment en harmonie avec son corps, son esprit, et l’environnement, enivrait Sarah d’une joie bienveillante. Elle se sentait bien, sur ces marches abîmées par les pas, envahies par l’herbe et la terre, fragilisées par le temps qui passe.

Sarah est paralysée. Cela fait plusieurs années que sa maladie la ronge. Qu’elle en souffre. Qu’elle refuse d’être aidée, d’une façon ou d’une autre. Elle reste persuadée qu’elle peut se débrouiller seule, sans l’aide de personne. Que cette grande maison où elle vie est son refuge, qu’elle protège les vestiges d’un tendre passé. Celui d’un amour qui n’aura jamais été rongé par les murs, par un souci de liberté, de délivrance. Sarah est désormais seule, elle a apprit à l’être. Parce qu’elle le devait. Parce que, continuer d’avancer était la seule solution pour donner à nouveau une chance à son esprit d’apprécier la vie. De lui accorder les couleurs qu’elle mérite. Alors, Sarah avait commencé ce long apprentissage, elle s’était efforcée de continuer de vivre, petit à petit, chaque chose en son temps. En s’abandonnant à la tristesse, lorsque le cœur devenait trop lourd. Mais sans jamais oublier de sourire de nouveau.

Ce soir-là, Sarah était restée de belles minutes assise sur ces marches, dans l’immobilité de l’espace, des objets, du temps. Troublée par la couleur bleutée de l’immensité du ciel, séduite par la valse des feuilles au gré du vent. Et, tous ces éléments réunis dessinaient sur son visage un sourire réconfortant, reconnaissant. Cet instant était parfait, à l’abri de tout fracas, protégé par un silence complice, présent comme l’aurait été un ami dévoué et soucieux du bonheur de l’autre. Le sourire de Sarah ne tarderait pas à remplacer le soleil, qui finirait par aller se coucher. Pour laisser place à d’autres étincelles, une nouvelle lumière. Un nouveau jour.

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